Tu me manques tellement

J'ai le coeur éparpillé et le corps comme un champs de bataille. Je porte les marques de mon accouchement et je mange mes émotions, alors ça donne un résultat que je déteste. Mon coeur est conquis par les sourires d'Alys. Mais j'accroche son regard en double, en voyant ma Rose. Je suis d'un calme olympien parce que les moments bercants avec Alys m'apaisent. J'adore ma vie à la maison à faire du bricolage et des costumes d'halloween avec un bébé en maman kangourou et une belle jeune demoiselle qui m'éblouit. Mais je pleure en silence son absence.

Plus le temps avance, moins les choses bougent. Rose fait des pas en arrière pour chaque pas fait en avant. Dans une semaine ce sera le 31 octobre, moi qui lui avait promis ne pas passer un seul jour de novembre là-bas...Comment on peut en arriver à mêler autant de sentiments contradictoires? J'évite de regarder la couchette de Rose dans laquelle aucun draps n'a été déplacés, aucun bébé jamais déposé.

J'ai parfois l'impression d'avoir tout rêvée, qu'en fait je n'ai qu'un seul bébé. Parce que de toute façon, quand je regarde les photos, je n'en voit qu'un seul. Elles se ressemblent tellement. J'ai le sentiment de l'avoir abandonnée, là-bas. Autant j'ai parfois l'impression que je dois "retourner" Alys, autant j'aimerai kidnaper Rose et m'enfuir au bout du monde.

Je pense toujours à toi ma grenouille. Je pense à tes calins dans mon cou, à tes yeux curieux, à tes doigts qui s'aggripent sur moi pour me supplier de t'enmener avec moi. Il n'y a pas une heure qui passe sans que j'espère le jour où tu sera au côté de ta jumelle et des nôtres. Il n'y a pas une journée où je ne me prépare pas mentalement à ce que tu pourra nous faire vivre dans ta différence. Je m'excuse mon amour de tout ce que tu dois subir, de tout ce que je ne peux pas t'apporter. Maman a mal avec toi. Tu es mon chaînon manquant.